
Blaireaux et routes : une hécatombe silencieuse
Chaque année, des milliers de blaireaux (Meles meles) sont victimes de collisions routières en France et en Europe. Discret et nocturne, ce petit carnivore est particulièrement vulnérable à la circulation automobile, surtout au printemps et à l’automne. Derrière ces accidents se cache une réalité peu visible mais alarmante, qui soulève des questions à la fois écologiques et éthiques.
Un carnage routier invisible
En France, plus de 40 000 animaux sauvages sont tués chaque jour sur les routes, selon des estimations du ministère de la Transition écologique. Le blaireau, pourtant protégé dans plusieurs pays d’Europe, fait partie des espèces les plus touchées. Une étude menée par le collectif Vigilance Collisions Faune indique que jusqu’à 20 000 blaireaux sont percutés chaque année en France.
En Allemagne, le chiffre grimpe à plus de 10 000 collisions annuelles, et au Royaume-Uni, où le blaireau est aussi une espèce emblématique, on estime que jusqu’à 50 000 individus sont tués chaque année sur les routes (source : Badger Trust UK).

Pourquoi autant de collisions ?
Les causes sont multiples, mais certaines sont bien identifiées :
- Activité nocturne : les blaireaux se déplacent principalement la nuit, souvent entre 21h et 5h du matin, période à laquelle la visibilité est réduite.
- Fragmentation de l’habitat : routes, zones urbaines et agricoles divisent leur territoire naturel, les forçant à traverser des routes.
- Période de dispersion : entre mai et octobre, les jeunes blaireaux quittent leur terrier natal pour chercher un nouveau territoire.
- Manque d’infrastructures adaptées : tunnels pour la faune, clôtures, signalisation… ces équipements sont encore trop rares ou mal répartis.
Des conséquences écologiques majeures
La mort de ces animaux a un impact direct sur la biodiversité. Le blaireau joue un rôle essentiel dans son écosystème : il régule les populations de petits mammifères, disperse des graines et participe à la fertilité des sols en fouillant pour se nourrir.
À long terme, la mortalité routière peut déséquilibrer des populations locales entières, déjà fragilisées par la chasse (encore autorisée dans certaines régions françaises) ou par la perte d’habitat.

Quelles solutions possibles ?
Plusieurs actions peuvent être mises en place pour limiter cette hécatombe :
- Création de passages à faune (écoponts, tunnels) et pose de clôtures dissuasives.
- Réduction de la vitesse sur certains axes connus pour être des « points noirs » de collision.
- Signalisation routière adaptée avec des panneaux alertant de la présence potentielle de faune sauvage.
- Campagnes de sensibilisation pour encourager les automobilistes à lever le pied à certaines heures.
Des initiatives citoyennes émergent, comme le programme Faune-France, qui permet à chacun de signaler un animal mort sur la route. Ces données servent ensuite à cartographier les zones à risque pour mieux cibler les aménagements futurs.
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